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mardi 12 juin 2012

PETIT GUIDE DE SAVOIR-VIVRE SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX


http://terreurterreur.com/2012/06/12/petit-guide-de-savoir-vivre-sur-les-reseaux-sociaux/

PETIT GUIDE DE SAVOIR-VIVRE SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX

Il semble qu’en ces temps de crise un de nos nouveaux sports nationaux se résume à une analyse simpliste des comportements psychosociaux de nos adversaires idéologiques. Le dernier billet liste m’ayant fait sursauter à ce sujet est celui de Michelle Blanc : « Crise étudiante, la gauche est plus active et intolérante sur les médias sociaux ».
Dans l’incipit de son article, Mme Blanc se sent l’obligation de nous révéler sa position idéologique, soit supposément de « centre-droit », ce qui est un euphémisme pour « droite modérée », lui-même un euphémisme pour « droite ». En se posant d’elle-même en faveur de la Loi 78, elle serait plutôt à considérer comme de droite autoritaire; par opposition, par exemple, à Éric Duhaime, clairement de droite libertaire, voire anarcho-capitaliste, raison pour laquelle il s’est positionné, lui, contre la Loi 78.
Dès la seconde phrase, Mme Blanc se pose en victime de cette gauche « active et intolérante ». Par conséquent, tout le reste de l’analyse sombre dans cette opinion biaisée qui relève du fait vécu plus que des sciences humaines. Il ne reste plus qu’à orienter le reste de l’article en l’appuyant sur des données toutes autant relatives.
Quand Mme Blanc affirme que la gauche québécoise serait plus intolérante que la droite conformément aux propos relevés par Hank Campbell selon une étude menée auprès de « libéraux » versus « conservateurs » aux États-Unis, j’ai quelques objections à lui présenter :
  • Premièrement, rien ne prouve que ce modèle soit applicable au Québec.
  • Deuxièmement, au Québec comme aux États-Unis, les « libéraux » ne représentent pas les valeurs de gauche. Il suffit d’un regard sur la « Boussole politique des élections états-uniennes de 2012 » pour constater que la gauche de Barack Obama penche plutôt largement vers la droite. Aussi, par quel tour de passe-passe rhétorique l’idéologie libérale états-uniennes deviendrait-elle une idéologie à gauche de l’échiquier politique une fois la frontière passée? Si Mme Blanc cherche une comparaison à faire avec nos voisins libéraux, il faudrait plutôt la chercher du côté de nos propres libéraux. « Liberals » ne se traduit ni par « communiste », ni par « socialiste » et encore moins par « anarchiste »; par contre, on peut aisément traduire « liberals » par « libéraux ».
  • Troisièmement, l’auteur, Hank Campbell, est co-auteur du livre « Science Left Behind: Feel-Good Fallacies and the Rise of the Anti-Scientific Left », un livre dont leitmotiv semble être de prouver que la gauche est plus rébarbative que la droite créationniste face au développement de la science parce que les valeurs progressistes s’opposeraient au progrès scientifique. Campbell affirme qu’être contre la vaccination de masse, contre l’énergie nucléaire, contre la recherche sur les animaux et/ou contre les aliments modifiés génétiquement mènent les mouvements environnementalistes à des tendances politiques fallacieuses et à une « bonne conscience » qui est d’ordre anti-scientifique. Il y a là de quoi se méfier de ce genre de source!
Ceci étant dit, si Mme Blanc avait voulu faire une analyse « objective » basée sur le fait vécu, il aurait été juste qu’elle passe une journée dans la peau d’un gauchiste notoire, histoire de voir comment la droite les aborde. Ou bien, qu’elle fasse une réelle recherche basée sur un échantillonnage large de témoignages de droite comme de gauche afin de comparer les données recueillies, mais bon… ça aurait pris des mois de recherches, les résultats n’auraient peut-être pas servis ses intérêts politiques et, comble de malheur, ils n’auraient probablement pas permis de poursuivre cette entreprise de propagande visant à démoniser la gauche.
Si j’ai du mal à croire l’analyse de Mme Blanc, c’est que l’intolérance ne reflète en rien les valeurs de gauche. La gauche prône à la fois l’égalité et l’affirmation des différences, c’est plus que de la tolérance, c’est l’acception et la compréhension de l’autre dans toute sa singularité. Évidemment, il est vrai que, comme tout être humain, un gauchiste peut répondre bêtement à des insultes, surtout à des insultes préfabriquées par l’élite politique, économique ou médiatique. C’est parce que nous trouvons que ça manque d’imagination et que ça témoigne de servitude intellectuelle envers la classe dominante. Comme je dis souvent à mes trolls de droite : « Si vous voulez m’insulter, soit, gâtez-vous, mais l’insulte est un art et je vous pris de l’utiliser avec soin. Surprenez-moi! »
Aussi, puisqu’il s’agit de parler d’intolérance, parlons de celle que nous vivons dans la rue. C’est sous le prétexte de l’intolérance de la droite que nous nous faisons gazer, poivrer, matraquer, brutaliser, bombarder, profiler sur la base de nos allégeances politiques, brimer dans nos droits fondamentaux, mépriser, arrêter aléatoirement. Alors quand, le soir, quelqu’un nous dit que nous méritions un tel traitement parce que nous manifestons pacifiquement, ne vous étonnez pas que nous répondions avec colère parfois. Mais sachez que lorsque nous nous battons, nous ne vous excluons pas de nos luttes et nous espérons que chacun et chacune profiterons de nos victoires. C’est ça la justice sociale, nous avons beau nous battre contre votre intolérance, ce que nous gagnerons, nous le partagerons avec vous sans chigner parce que vous n’étiez pas à nos côtés pendant la lutte.
Ainsi, je peux dire à Mme Blanc que je les adore, mes trolls de droite. Même que, pour moi, « troll de droite » n’est pas péjoratif du tout, c’est un surnom affectueux. Ils me font réfléchir, pas parce que leurs discours sont pertinents, mais parce qu’ils sont la copie conforme de ceux des pouvoirs en place. Leurs comportements psychosociaux m’informent sur leur degré de soumission à la doxa. Oh! Bien sûr, ils vocifèrent des attaques; aux faits, ils répondent par des injures; aux arguments, par des propos démagogiques; aux généralités objectives, par des invectives subjectives; etc. Mais, au lieu de crier qu’on me persécute, j’attends le jour où j’aurai un vrai dialogue avec un de mes trolls de droite adorés. Vous savez, quand on parle, qu’on s’écoute mutuellement et qu’on se répond. Ça fait partie de mes valeurs, le dialogue.
Or, ce jour-là n’est pas encore arrivé, je vous donne donc ici quelques pistes pour ouvrir le dialogue sur les médias sociaux :
  • Essayez de comprendre la position de votre interlocuteur. Pour ce faire, écoutez-le. Comprendre vous aidera à formuler votre pensée avec des arguments qui prennent la situation du dialogue en compte au lieu de répéter docilement des propos démagogiques directement issus des structures de pouvoirs;
  • Évitez les insultes, ça creuse l’écart et ferme le dialogue;
  • Évitez d’attaquer personnellement votre interlocuteur. Sur les médias sociaux, dans la plupart des cas, vous ne savez pas à qui vous vous adressez et, le plus souvent, vos attaques ratent la cible parce qu’elles relèvent de l’ignorance et des préjugés. Autrement dit, basez vos arguments sur des faits, pas sur des suppositions ou des hypothèses;
  • Tâchez de rester dans le sujet. Si votre interlocuteur parle de droits fondamentaux, lui parler de fiscalité lui apparaîtra totalement hors sujet. Vous pouvez, par contre, l’amener progressivement à élargir un sujet à condition de tisser un fil conducteur;
  • N’ayez pas peur de poser des questions, celles-ci montrent votre intérêt envers le discours de votre interlocuteur et ouvre le dialogue. Elles permettent de faire des nuances et de témoigner de neutralité dans des moments névralgiques de la discussion;
  • Vouvoyez votre interlocuteur et utilisez des marqueurs de politesse pour indiquer à la fois une forme de respect et une distance éthique;
  • Ne ressassez pas des arguments ou des formules chipées à un journaliste, un chroniqueur ou un politicien, votre interlocuteur pourrait se lasser ou supposer que vous êtes incapable de réfléchir par vous-mêmes;
  • N’oubliez pas que vous ne parlez pas seulement en votre nom, vous parlez au nom d’une cause, d’une idéologie que vous défendez au-delà de vous-mêmes. Quand vous parlez de vos idéaux politiques, vous représentez quelques chose qui dépasse votre je-me-moi ainsi que ceux et celles qui partagent vos allégeances;
  • Inutile d’essayer de convaincre votre interlocuteur, vous pouvez tenter de le « conscientiser » à votre cause, voire le mobiliser, pas convaincre;
  • Soignez la langue française.
Cette liste de conseils pratiques n’est pas limitative ni exhaustive, elle s’adresse à toutes et à tous sans discrimination basée sur les convictions politiques.

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Daniel Falardeau 2012