À MM. Pratte, Dubuc, Facal et à tous les autres qui ne comprennent pas
24 mai 2012 14h50 · Normand Baillargeon
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Ce que nous vivons
La révolte actuelle porte contre tout cela. Elle s’exprime là où elle l’a pu: dans la rue.
Dans la rue parce que les partis politiques ne l’ont pas entendu et ne permettent pas d’exprimer tout ce que porte cette révolte.
Dans la rue parce que le syndicats ne l’entendent pas ou guère et n’ont pas permis d’exprimer tout ce que porte cette révolte.
Dans la rue parce que les grands médias ne l’entendent pas ou guère et n’ont pas permis d’exprimer tout ce que porte cette révolte.
Concrètement, cette révolte dit: nous refusons d’accorder qu’après toutes ces années de supposée croissance économique, nous ne puissions pas ou plus nous payer collectivement des biens communs que nous avions mis sur pieds hier, encore moins en ce moment où un gouvernement, dont la légitimité démocratique nous semble à peu près nulle, vend, voire donne nos richesses collectives à des corporations, certaines étrangères.
Elle dit: les institutions de ce monde sont gravement malades et il faut en changer.
Elle dit on en a assez des mensonges, des semi-vérités.
Elle dit: l’économie doit changer. Elle ne doit plus être ce qui nous est donné comme seul horizon possible à nos vies, au mépris de tout le reste. L’économie doit être autre chose que ce qui projette son ombre tutélaire sur la société. Elle doit être un outil que nous nous donnons et que nous contrôlons pour la mettre au service du bien commun, et qui permet de se soucier de l’environnement, de promouvoir l’égalité, non seulement des chances mais aussi des résultats.
Elle dit: le politique doit changer. Le processus politique est en effet désormais largement délégitimisé, la démoratie semble à plusieurs un leurre tandis que l’espace de délibération collective est plein de bruits et de parasites qui interdisent une véritable délibération.
Ce sont, au moins pour une part, des gens qui ont conscience de tout cela qui se présentent dans l’espace public en ce moment. Ils sont critiques, informés, lucides. Ils ne peuvent être amadoués par des promesses de gains personnels, ils se méfient des pouvoirs traditionnels, redoutent leurs mensonges, détectent leur propagande: leur combat est en grande partie altruiste, ce qu’ils défendent va au-delà de demandes qui pourraient être satisfaites par les offres et les promesses usuelles. Ils mettent en oeuvres des moyens inédits, pratiquent la démocratie délibérative et directe, ne sont pas leurrés par des slogans vides. Ce que ces personnes réhabilitent, et dont plusieurs avaient oublié jusqu’à l’existence, ce sont les idées de démocratie, de bien commun, et de combat politique.
Ils et elles nous disent, surtout: nous ne nous tairons pas et notre détermination est à la mesure de ce que nous comprenons et rejetons du monde tel qu’il est et qui doit changer.